Quand les attentats changent ma façon de voir les choses...

Je crois que je n'avais pas tout compris.

Évidemment devant l'horreur, devant l'insoutenable... Ce n'est pas facile de trouver des mots... ce n'est pas facile de décrire la colère, de décrire la tristesse, de cette mort qui touche des gens que je ne connais pas et dont je me sens proche.

Ces gens qui sont tombés sur le sol de cette France qu'ils n'ont peut être même pas vraiment aimé, et pourtant ils sont morts parce que pour les assassins, ILS étaient la France.

C'est un peu de moi qui est mort hier soir, ... Au début de cette année pour les attentats de Charlie, je ne sais pas... J'étais en colère, parce que je trouvais injuste qu'on tue des dessinateurs qui certes provoquaient, mais le faisaient pour faire avancer le débat, les idées. Hier soir c'était différent... Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je suis comme tout le monde j'aime la vie et les autres... Et c'est ça qu'ils ont visé... Un match de foot, un concert, un resto, un bar, une terrasse, c'est ça qu'ils ont visé... C'est nous qu'ils ont visé!

Je n'ai pas compris hier soir que c'est notre manière de vivre qui était remise en cause, en fait ces gens sont venus nous flinguer parce que nous représentons ce qu'ils exècrent le plus au monde.

Vous vous rendez compte, nous, le peuple de France qui avons souvent représenté la LIBERTÉ, nous inspirons le dégoût pour notre façon de vivre, trop libre, trop cultivé, trop capable de boire un verre, de bien manger, d'aller voir un concert, de voir un match de foot, de ... profiter de la vie, selon nos préceptes, profiter de ce qui nous entoure.

Je n'avais pas compris que nous, ce peuple fier de son histoire, nous inspirions autre chose que de l'envie. Quand tant de gens nous envient notre système de santé, d'education, nos routes, nos institutions, notre liberté, notre liberté d'epression, notre diplomatie, notre culture... Et bien il y a une part de la population mondiale qui nous déteste. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi c'est quelque chose de nouveau.

Cela ne m'était jamais venu à l'idée, mais force est de constater que voila, on nous déteste, on me déteste, moi qui ne fait rien,... si ce n'est vivre. Oui on me déteste parce que je vis, je dirais même parce que j'existe. En plus vous imaginez je suis athée, mécréante donc. On me déteste parce que mon plus grand défaut c'est d'être née Française. Mon peuple n'a rien fait, mes compatriote ne vous ont rien fait, mais vous nous détester un délit de sale VIE, plutôt que de sale gueule. Oui parce que ma vie, ne convient pas à votre mode de vie, vous nous dites intolérants et vous nous tuez parce que nous sommes différents... Franchement j'y perds mon latin!

Je n'avais jamais imaginé que c'était cela qu'ils venaient tenter de nous voler, notre vie, notre monde. C'est vrai qu'on ne frappe pas le dernier de la classe pour lui piquer sa place, non on frappe le premier parce qu'ils nous met hors de nous... Dans ce monde de bruts épaisses, je viens ce soir de comprendre qu'en fait, il voulait nous frapper parce que nous sommes les meilleurs dans ce qu'ils exècrent le plus: l'art d'aimer la VIE.

Ce qui nous touche ce qui nous met en colère aujourd'hui c'est la peur, évidemment il y a la colère face à l'incomprehensible mort de ces gens qui ne sont pas des combattants, mais il y a cette colère que nous avons en nous, parce que oui, au fin fond de nos estomacs nous nous sommes dit, cela aurait pu être moi. Nous ne souhaitons pas, par essence la mort de nos semblables, mais nous ne souhaitons pas mourir pour autant, il est terrible que dans un pays en paix, on ne puisse pas s'atabler à une terrasse, aller boire un verre, regarder un match ou alors aller à un concert, et ça... Ça me met particulièrement en colère!

Rien ne vaut la mort, personne ne mérite cette mort. Mourir dans un attentat, commis par des fous... Qu'en dire, sincèrement qui ne soit pas déjà dit... c'est horrible! Je ne veux donner de leçon à personne chacun doit réagir comme il le peut, chacun peut réagir comme il en a envie, mais je crois que nous devons rester debout, je crois que nous devons nous battre, nous nous le devons, et nous le devons à tous ces gens qui sont morts en ce vendredi  13/11/15.

Quand en Janvier, nous pensions à ces caricaturistes morts, on disait aux survivants, vous devez continuer parce que c'est ce qu'ils auraient voulus, que les caricatures, que l'irreverence, que la liberté d'expression survivent à cette barbarie.

Aujourd'hui, c'est à tout à chacun de relever ce défi car le message que nous devons passer, ce que nous devons surpasser c'est cette peur de sortir, cette peur de continuer à vivre, cette peur de ne rien changer, parce que changer notre façon de vivre, restreindre notre liberté, ca signifie les laisser gagner.

Je ne suis pas Api ce soir, mais je garde la tête haute.

Fière d'être Française, aujourd'hui encore plus que hier et bien moins que demain.

Le dessin posté avec la légende « Peace for Paris » est signé d'un illustrateur choletais, Jean Jullien qui vit et travaille à Londres